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J’ai de nombreux livres de plongée sous-marine à la maison, mais peu d’entre eux traitent de ce que je recherche le plus… Des expériences de plongée uniques dans des lieux chargés d’émotion. Avec l’élégante ville de Buenos Aires, les luxuriantes chutes d’Iguazu et les fascinants glaciers de Patagonie, je voulais aller en Argentine depuis longtemps. Alors quand je suis devenu plongeuse, j’ai commencé à chercher comment explorer l’Argentine tout en profitant de ma nouvelle passion sous-marine. Malheureusement, l’Argentine n’est pas vraiment connue pour ses sites de plongée : aucun de mes livres n’en parle… Défi accepté ! Cela a simplement rendu mon voyage encore plus intéressant et c’est ainsi que je me suis retrouvée à plonger à Ushuaia, tout au « bout du monde ».
À la recherche des pépites subaquatiques en Argentine
La ville d’Ushuaia m’a tout d’abord attiré avec son statut de ville la plus australe au monde (ce qui n’est pas exact à 100%, mais bon…). J’ai rapidement découvert que, pour des raisons logistiques évidentes, c’était le point d’embarquement des bateaux de croisière pour l’Antarctique.
Je rêvais déjà d’icebergs, de pingouins et de phoques sur la banquise poursuivis par des orques. Mais le rêve a un coût. Les billets de dernière minute (à réserver directement dans les agences de voyages à Ushuaia) pour une croisière de 10 jours en Antarctique commencent à 5 000 dollars, la croisière de plongée à 15 000 dollars (équipement non compris). J’ai vite compris que je ne pourrai pas y arriver… J’ai donc pensé qu’Ushuaia n’était pas pour moi… Trop frustrant de voir les bateaux de croisière partir pour l’Antarctique sans moi !
C’était avant que je découvre qu’il était possible de plonger dans le détroit de Beagle. À partir de ce moment, j’ai entièrement repensé mon itinéraire en Argentine. Comme je voulais voir les chutes d’Iguazu, le plan était de les visiter en tout début de voyage en bus depuis Buenos Aires. J’ai ensuite pris un vol d’Iguazu à Ushuaia via Buenos Aires, pour atteindre le point le plus au sud de l’Amérique. De cette façon, je pourrais retourner à Buenos Aires étape par étape en bus. J’ai inclus un arrêt à El Calafate pour faire une randonnée autour du célèbre glacier Perito Moreno et un autre à Puerto Madryn pour davantage de plongées.
I didn’t see everything in Argentina in one month, but I covered a lot of Patagonia and managed to scuba dive in two locations. Not bad at all…
Explorer la fin du monde en Terre de Feu
Alors que l’avion s’approchait de l’aéroport d’Ushuaïa, j’étais totalement subjuguée par la beauté de ce paysage glacé. Depuis le hublot de la cabine, des îles montagneuses enneigées défilaient devant mes yeux, là où l’océan Atlantique rencontre l’océan Pacifique au Cap Horn, avant coucher de soleil. Septembre est le début du printemps en Terre de Feu, les jours sont donc encore courts à cette latitude.
L’emplacement d’Ushuaia en elle-même a beaucoup de charme : nichée dans une baie entourée de montagnes, elle offre un accès direct au détroit de Beagle. La ville a un petit côté pionnier et m’a beaucoup rappelé mes voyages en Laponie avec ses maisons colorées et ses boutiques de sports outdoors. Il est agréable de s’y promener, et tout le monde s’accorde à dire c’est peut-être l’endroit le plus sûr d’Argentine.
Il n’y a qu’un seul centre de plongée en ville, Ushuaia Divers. Le trajet en bateau entre le club nautique d’Ushuaia et les îles du détroit de Beagle m’a coupé le souffle. Tout en réglant les derniers détails de ma combinaison étanche de location, j’étais fascinée par le fait d’être sur la mer tout en étant entourée de montagnes enneigées. Cela m’a procuré un incroyable sentiment de paix et de plénitude, juste avant de me rappeler que l’eau était à 5°C.
Plonger dans le détroit de Beagle depuis Ushuaïa
L’expérience de plonger dans le détroit de Beagle n’a fait que confirmer ce que j’explique dans mon article Plonger où vous voulez, au sujet de la faune des eaux froides. Ici, on trouve peu de poissons mais les forêts de laminaires abritent un riche écosystème de crustacés, de gastéropodes, d’anémones et d’éponges.
Du point de vue de l’équipement, comme l’eau était à 5°C, la combinaison étanche n’est pas un choix de confort mais une obligation. Mon voyage en Argentine comportait des climats subtropicaux à subpolaires. J’ai donc décidé de voyager uniquement avec ma stab, mes palmes et mon masque pour retrouver le confort et les réflexes auxquels je suis habituée tout en ayant un plus grand choix de vêtements. Je pouvais laisser le reste aux centres de plongée pour l’équipement de plongée en eau froide. J’avais d’ailleurs découvert avant mon départ que mon détendeur Mikron n’était pas adapté aux eaux froides (le risque de free-flow était trop grand en dessous de 10°C). C’était la bonne occasion de le laisser sur place pour son entretien annuel.
Juste avant la première plongée, nous sommes passés devant une île où se trouvaient des otaries et des phoques léopards. Malheureusement, aucun d’entre eux n’est venu nous saluer sous l’eau, mais c’était quand même sympa de les approcher alors qu’ils prenaient un bain de soleil en famille. Comme indiqué lors du briefing de plongée, il faut faire attention à ne pas s’approcher des phoques léopards. Contrairement aux otaries qui sont très amicales, ils peuvent être agressifs. C’est assez facile de les reconnaître grâce aux taches sur leur ventre.
J’avais déjà vu de nombreuses photos de forêts de kelp (laminaires), mais ce n’est qu’en y plongeant que j’ai compris pourquoi c’était si intéressant. Ce sont des algues géantes dont la longueur peut aller jusqu’à 30 mètres. Lorsqu’elles sont en concentration, elles forment une forêt sous-marine d’arbres flottants. Avec les quelques rayons de lumière qui pénètrent entre les algues enchevêtrées, on a plutôt l’impression de plonger dans des tunnels verts. Il faudra y affiner sa flottabilité et palmer en frog-kick comme pour la plongée en grotte ou sur épave si l’on ne veut pas s’emmêler en quelques instants. Mais surtout, cela vous évitera de détruire cet incroyable écosystème en arrachant les algues pour vous libérer. Alors cherchez les passages et palmez en douceur !
Le symbole de la faune marine locale est le crabe royal austral ou centolla en espagnol (prononcez « cènetocha » avec l’accent argentin). On peut trouver ce crabe rouge géant à seulement 10 m de profondeur, mais il peut vivre jusqu’à 150 m de profondeur. Selon d’autres informations, il aurait été trouvé à 600 m de profondeur également. Son diamètre peut aller jusqu’à 20 cm et son poids jusqu’à 4 kg. Le fait qu’il soit délicieux fait de lui le cœur de l’industrie de la pêche locale mais, heureusement, les endroits protégés du détroit de Beagle permettent de l’observer de près dans son habitat naturel. N’ayant pas vraiment peur des plongeurs, il est très facile de les photographier ou de les filmer de près.
On trouve également de nombreuses autres espèces de crustacés, comme les bernard-l’hermite et des écrevisses. Ces écrevisses sont des créatures amusantes. Elles vous laissent approcher jusqu’à la dernière seconde avant de sauter subitement en arrière. Lors de ma deuxième plongée, elles étaient si nombreuses qu’on aurait dit que le fond de la mer bougeait. Pour les amateurs de nudibranches, vous serez heureux d’apprendre qu’il en existe toute une collection de couleurs blanches ou orange.
Pour résumer, la plongée à Ushuaia a été une excellente surprise. J’ai adoré prendre des photos des espèces marines des eaux froides, mais il était difficile de supporter le froid sur mes mains. J’ai eu du mal à cesser de frissonner pendant que je faisais la mise au point. Si cela peut vous aider, dites-vous qu’après la plongée, vous pourrez déguster de délicieuses crêpes au dulce de leche dans l’un des nombreux cafés douillets de la rue principale d’Ushuaia avec une tasse de café chaud ou une tasse de maté avec des plongeurs argentins !
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