Comment j’ai passé ma certification de plongée sous glace en Suisse

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Nichée au cœur des Alpes et historiquement attachée à sa neutralité, la Suisse est à la fois dans et en dehors de l’Europe, à sa façon. Influencée par ses voisins allemands, français et italiens, elle a pris leurs langues et un peu de leurs cultures. Le résultat ? Un pays de montagnes paisibles où l’organisation est sans faille et où la gastronomie n’est pas en reste. En hiver, au-delà du ski, du fromage et du chocolat, les plongeurs peuvent explorer les Alpes d’une manière inattendue en pratiquant la plongée sous glace en Suisse. C’est pourquoi j’ai profité de ma visite chez des amis à Genève et à Berne pour obtenir ma certification de plongée sous glace, l’une des meilleures spécialités en plongée que j’ai suivies. Allez, on emmène bottes de neige et combinaison étanche, et c’est parti !

Visiter la Suisse en tant que plongeur

Plongée sous glace en Suisse- Les Mosses

Je m’étais déjà rendu en Suisse pour rendre visite à des amis. J’ai commencé par la région germanophone autour de Zürich, puis je suis allée dans la région francophone autour de Genève. Cette fois, j’allais pour la toute première fois plonger en Suisse. Lors de ce voyage, je suis allée à Genève, aux Mosses, à Bienne et dans la capitale fédérale de Berne.

Au-delà de la plongée, la découverte de la gastronomie suisse a aussi fait partie du voyage de manière inattendue. Sur le chemin des Mosses et du lac Lioson (situé juste au-dessus), j’ai découvert que la Suisse avait des vignobles entre Lausanne et Montreux. Dans le chalet d’altitude où nous étions logés, j’ai pu savourer des vins suisses en accompagnement d’une délicieuse fondue au fromage. Ce fut une excellente surprise. Plus tard à Berne, j’ai découvert au déjeuner le rösti (pommes de terre râpées avec du fromage et un œuf au plat) et les vermicelles, un dessert à base de crème de marrons et de crème fouettée.

Heureusement, j’ai brûlé beaucoup de calories en passant ma certification de plongée sous glace en Suisse !

En ce qui concerne la logistique de la plongée en Suisse, ne vous attendez pas à vous présenter dans un centre de plongée pour plonger immédiatement. Ses lacs profonds et froids sont des lieux d’entraînement réputés pour les plongeurs tech. Toutefois, les endroits les plus intéressants se trouvent en altitude, donc assez isolés. Faire de la plongée sous glace dans un lac d’altitude nécessite une bonne organisation. Ce n’est donc pas une si grande surprise que la plongée en Suisse soit principalement l’affaire de clubs associatifs.

J’ai eu la chance qu’un ami me présente à un super club de plongée à Genève. Ils organisent chaque année, au début du mois de février, un week-end de plongée sous glace en altitude dans l’un des endroits les plus réputés de Suisse : Le lac Lioson. J’en ai profité pour passer ma certification de plongée sous glace. Cela comprenait un cours théorique sur la sécurité de la plongée sous glace et un minimum de 2 plongées.

Comment faire de plongée sous glace en Suisse ?

Toute plongée nécessite le respect d’un protocole pour s’assurer qu’elle sera sûre et agréable pour tous. Dans les conditions chaudes des îles tropicales, si vous ne faites pas partie de l’équipage, vous le remarquerez à peine, à l’exception du briefing de plongée. La plongée sous glace, outre l’altitude, est quasiment à l’opposé. Tout le monde devra connaître le protocole de sécurité et le suivre.

Dans ces conditions, l’expression en anglais “plan the dive & dive the plan” prend tout son sens.  L’écoute active et la discipline sont de rigueur. Oui, la plongée sous glace est une aventure exigeante mais la bonne nouvelle, c’est qu’elle est accessible à tous, quel que soit son niveau de plongée, du moment qu’on est prudent et qu’on aime la préparation autant que la plongée elle-même. En effet, nous avons passé plus de temps à préparer nos plongées qu’à plonger sous la glace. Voici un résumé des principales étapes par lesquelles nous sommes passés lors de notre week-end de plongée sous glace en Suisse.


1 – Accéder au lac avec l’équipement adéquat

Plongée sous glace en Suisse - Lac Lioson

Tout d’abord, pensez qu’en partant pour ce voyage de plongée, vous aurez besoin d’emporter de quoi vous couvrir dans une région montagneuse et enneigée. Si vous êtes un accro du ski ou si vous vivez au Canada, cela devrait être une évidence pour vous, mais si ce n’est pas le cas, voici une liste de l’équipement de base que vous devez emporter pour rester au chaud avant et après la plongée :

  • 2 t-shirts légers, en tissu thermique (idéalement 1 à manches courtes et 1 à manches longues)
  • 1 sweat en polaire
  • 1 paire de leggings en polaire
  • 1 paire de pantalons imperméables (ceux pour le ski par exemple)
  • 1 veste polaire imperméable
  • 1 paire de gants imperméables
  • 1 bonnet ou bandeau pour couvrir vos oreilles
  • Lunettes de soleil (la réflexion des rayons du soleil sur la neige peut être très forte)
  • 1 paire de bottes de neige

Je recommande également des chaussettes de ski chaudes, certaines sont assez techniques et possèdent de la soie pour protéger les orteils. Ce qui est bien avec cet équipement de neige, c’est que vous pourrez le réutiliser sous la combinaison étanche en plongée. Néanmoins ce sera plus adapté si vous utilisez une combinaison en néoprène (plus chaud) alors qu’une combinaison étanche tri-laminée nécessite un sous-vêtement plus épais. Grâce à la légèreté et à la compressibilité de mes polaires, j’ai pu mettre tout cela dans une valise à roulette de taille moyenne avec ma stab, mes palmes, mon masque et mon caisson d’appareil photo.

Lorsque nous sommes arrivés à Lioson-d’en-Bas, tout le monde était parfaitement équipé pour l’ascension de 1 550 m à 1 850 m dans la neige. Clairement, je n’étais pas suréquipée. Il nous a fallu entre 45 minutes et 1 heure pour monter au sommet alors que toutes les bouteilles de plongée, notre équipement et nos bagages voyageaient confortablement sur une dameuse modifiée à cette fin. La marche était assez physique, mais j’ai vite oublié mes efforts en regardant les incroyables paysages blancs des montagnes qui nous entouraient.


2 – Préparer les trous dans la glace et le cordage de sécurité

Plongée sous glace en Suisse - Lac Lioson

Contrairement à ce que je pensais, il n’y avait pas seulement un mais trois trous dans la glace. Reliés par des cordes, ils constituent la sécurité minimale en cas d’urgence. Au lac Lioson, les trous sont maintenus ouverts tout l’hiver. Cependant, avec une température extérieure moyenne de -10 à -15°C, quelques jours d’inactivité suffisent à les faire geler de nouveau.

Selon l’épaisseur de la glace, deux méthodes peuvent être utilisées pour découper la glace : manuellement avec ce qui ressemble à une scie géante ou directement avec une tronçonneuse en découpant de petits blocs de glace un par un. La partie théorique de la formation à la plongée sous glace nous apprend comment se comporter sur la glace d’un lac gelé, alors bien entendu, la personne chargée d’ouvrir le trou porte déjà sa combinaison étanche.

Le briefing de plongée était axé sur le timing : tout le monde ne peut pas aller dans l’eau en même temps. L’idée est de faire une rotation des binômes : quand une équipe sort de l’eau, elle devient l’équipe de sécurité de surface jusqu’à la remontée de la suivante.


3 – Préparer son équipement de plongée à l’intérieur

Plongée sous glace en Suisse - Lac Lioson

Dans des conditions aussi froides, votre ennemi n°1 est que le détendeur se mette en free-flow. On nous l’a tous appris lors de notre premier niveau de plongée mais la plupart des plongeurs n’y sont pas confrontés lors de leurs sorties en eau chaude. Pour rappel, le fonctionnement en free-flow est en fait une sécurité intégrée ou fail-safe du détendeur. Le détendeur est conçu pour que, en cas de problème, il reste grand ouvert au lieu d’être définitivement fermé. La raison principale en plongée sous glace est le risque de geler son premier étage. Quand on dilate un gaz, on abaisse sa température : imaginez ce qui se passe par une température extérieure négative sur une seule inspiration prise avant de mettre la tête sous l’eau (l’eau à 1° est plus chaude que l’air!).

C’est un problème à prendre au sérieux, surtout lorsque vous avez un plafond de glace au-dessus de vous. Même en suivant toutes les procédures, comme préparer et tester votre équipement à l’intérieur et ne pas respirer du tout de votre deuxième étage une fois à l’extérieur jusqu’à ce que vous soyez sous l’eau, vous pouvez rencontrer ce problème. Les détendeurs ne sont pas tous aussi performants dans de telles conditions glaciales.

La plupart des fabricants proposent des modèles de détendeurs spéciaux pour les eaux froides : ici, ce n’est pas un luxe mais une exigence. Le mien est un modèle spécial voyageur avec une garantie jusqu’à 10°C. En fait, je prends une marge de sécurité supplémentaire en ne l’utilisant pas en dessous de 12/13°C, c’est pourquoi je n’ai pas pris mon détendeur préféré pour ce voyage ou lorsque je suis allée en Patagonie. Heureusement, les fabricants ont récemment commencé à sortir des modèles plus légers pour les eaux froides. (Mise à jour : Je suis maintenant l’heureuse propriétaire d’un détendeur Glacia conçu pour la plongée sous glace et d’un Core spécial eaux froides particulièrement léger).

Pour anticiper tout problème sous l’eau causé par le gel du premier étage, vous devez monter votre détendeur principal et votre octopus sur 2 premiers étages séparés qui sont eux-mêmes montés sur une bouteille avec 2 robinets séparés. En cas de free-flow, vous pouvez simplement en fermer un, et continuer à respirer avec votre octopus, en tentant éventuellement après 1 minute de le rouvrir et de respirer à nouveau avec votre détendeur principal.

Un conseil efficace pour éviter de geler son premier étage : une fois dans l’eau, allongez-vous sur le dos pour que votre premier étage soit immergé dans l’eau avant de descendre. Attendez quelques minutes car la température de l’eau est généralement plus élevée que celle de l’air.


4 – S’amuser sans tomber

Plongée sous glace en Suisse - Lac Lioson

Une fois que vous êtes prêt, avec votre combinaison étanche, les sous-vêtements chauds appropriés, les gants secs, environ 10 kg de poids, vos deux lampes torches, votre cagoule chaude et épaisse et votre réservoir équipé… vous portez environ 20 à 30 kg d’équipement. Comme vous vous êtes préparé à l’intérieur, vous devez encore marcher jusqu’au lac. C’est alors 100 m d’extrême prudence car si vous tombez ou glissez avec tout cet équipement, il est facile de se blesser.

Un bâton de ski ou demander l’aide de quelqu’un qui ne plonge pas peut être une excellente idée et il n’y a pas à en avoir honte. Cette marche était tellement intense qu’une fois dans l’eau, cela m’a fait du bien de recevoir de l’eau “rafraîchissante” sur le visage ! A partir de là, c’est parti pour 20 minutes de pure magie.

La magie de la plongée sous glace dans une eau cristalline

On m’avait prévenu : à cause de la réflexion de la lumière sur la neige tout autour du lac, je pourrais me sentir désorientée dès les premiers mètres à la descente, car mes yeux devraient s’adapter à l’absence de lumière dans ce monde aquatique scellé par la glace. Mais finalement, peut-être parce que c’était vers la fin de la journée quand ce fut mon tour d’aller plonger, je ne me suis pas sentie désorientée. J’étais tout simplement émerveillée par la beauté de la glace sous la surface : du blanc pur à un bleu glacier intense.

Pourtant, je ne m’attendais pas à ce que le lac soit recouvert de neige et que, par conséquent, la quantité de lumière pouvant traverser la glace soit considérablement réduite. Je suppose qu’il faudrait y retourner au printemps, juste avant que la glace ne fonde. Mais quand même, les quelques rayons de lumière qui traversent la glace donnent une atmosphère fantastique presque mystique, avec une très douce lueur bleue émanant de la glace.

L’immense plafond de glace avec ses nuances de bleu et ses taches noires (des bulles d’air emprisonnées dans la glace) est un véritable terrain de jeu pour les plongeurs : certains jouent avec leur flottabilité en marchant la tête en bas sur la glace. Par ailleurs, l’eau est si pure et claire qu’on oublie totalement qu’on se trouve dans une eau entre 1 et 3°C, confortablement dans son sous-vêtement chaud, sa combinaison étanche et surtout ses gants étanches qui font toute la différence.

Aller profond n’est pas l’objectif ici. Avec une profondeur de 32 mètres, le lac Lioson est essentiellement limoneux et rocheux au fond, donc la partie la plus intéressante se trouve juste en dessous de la glace. Nous sommes tout de même descendus jusqu’à 15 m de profondeur. Il n’est pas si facile de garder une flottabilité neutre entre 2 et 3m de profondeur avec une combinaison étanche en néoprène remplie de sous-vêtements épais. En outre, l’altitude change radicalement le gradient de pression.

Étant une base de pêche en été, le lac Lioson offre un peu d’action aquatique grâce aux belles truites arc-en-ciel et aux ombles chevaliers. Il était surprenant de les voir sur le chemin du retour vers la surface, car elles sont attirées par la lumière provenant du trou dans la glace.

Après un temps de plongée suffisant de 20 minutes, dont une sortie à l’élégance digne du phoque le plus disgracieux, il faut encore se redresser et marcher dans la neige pour se changer à l’intérieur. Mais quand on y pense, il n’y a pas de meilleure excuse que la plongée sous glace pour déguster sans remords une délicieuse fondue au fromage !

Deux semaines après mes plongées en Suisse, j’ai reçu par la poste ma carte de certification de plongée sous glace et je pense que cela restera la certification de plongée sous-marine dont je suis la plus fière !

Carte de certification de Plongée sous glace

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Posted by Florine

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