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Mois après mois, on continue de nous confiner à chaque fois que les chiffres de la pandémie sont trop mauvais. Juste après le Nouvel An, j’ai ressenti une lassitude telle que je me suis vue atteindre les limites de ma capacité à encaisser. J’avais besoin d’air frais, mais par-dessus tout, j’avais besoin d’eau . Lorsque l’occasion s’est présentée de retourner à Toulon, ma base de plongée en France, pour quelques mois ce printemps, j’ai tout bonnement réservé un billet de train en moins de 48 heures et j’ai pris la poudre d’escampette de mon appartement parisien.
Je ne savais pas qu’un nouveau confinement serait déclaré un mois plus tard. Par chance, j’ai pu commencer ma saison de plongée 2021 bien plus tôt que dans mes rêves les plus fous. Je n’ai peut-être effectué que 4 plongées de mars à mai, mais je préfère généralement voir le verre à moitié plein. Ces heures passées sous l’eau m’ont fait réaliser à quel point tout ce que j’ai lu sur la plongée sous-marine et la santé mentale était juste. Voici donc comment ça s’est passé, appareil photo sous-marin en main, à la recherche d’espèces marines étonnantes et de tranquillité d’esprit…
Dive #1 – Anse Méjan
Paramètres de plongée : profondeur max 15 m, temps de plongée 85 minutes, température de l’eau 13°C
Lorsque je suis arrivée début mars, la plupart des centres de plongée étaient encore fermés. Alors, quand j’ai réalisé que mon binôme de photo sous-marine de Nouméa, Mathieu de Imag’in Air&Sea, serait à Toulon en même temps que moi, nous avons décidé d’organiser nous-mêmes une plongée du bord. Comme il avait une voiture, ce n’était pas compliqué de louer des bouteilles et des plombs dans un magasin de plongée du coin pour la journée. Et comme je plonge à Toulon depuis quelques années déjà, je savais exactement où aller.
J’ai dépoussiéré ma combinaison étanche en néoprène, qui était restée à Toulon depuis 2019. Mon binôme a acheté une combinaison semi-étanche qu’il pourra utiliser pour la saison hivernale en Nouvelle-Calédonie car il n’a pas pu trouver de bonne affaire pour une combinaison étanche d’occasion à sa taille.
Avec nos deux appareils photo sous-marins équipés d’objectifs macro, nous sommes partis pour une longue plongée en privé durant laquelle nous pouvions passer 10 à 15 minutes sur un seul spot, ce qui est compliqué à faire quand on plonge avec un centre de plongée. J’aime de plus en plus plonger de cette façon. Avec un peu de chance, lorsque j’irai plonger dans de nouveaux endroits, je rencontrerai des personnes qui aiment aussi plonger du bord de façon indépendante !
Nous nous sommes principalement concentrés sur les nudibranches colorés de Méditerranée, et j’étais chargée de les repérer puisque je connais le mieux la zone. Mais mon binôme a vraiment des yeux de lynx, et il en a trouvé autant que moi. Notre défi était de voir Bosellia Mimetica, un minuscule nudibranche vert de moins de 1 cm de long qui se nourrit de l’algue Halimeda Tuna de la même couleur, aussi appelée monnaie de Poséidon, présente en grande quantité sur ce site de plongée. J’ai réussi à trouver les œufs, mais c’est mon binôme qui a su repérer cette limace experte en camouflage!
Alors que nous nous efforcions de trouver Bosellia Mimetica, nous avons par la même occasion repéré des espèces de nudibranches que je n’avais jamais vues en Méditerranée auparavant. C’est la magie de prendre son temps sous l’eau !
Juste après nous être immergés en eau peu profonde, nous avons trouvé de nombreuses élysies timides (Elysia Timida) ; ces nudibranches ressemblent un peu aux thuridilles splendides (Thuridilla Hopei) que je voulais montrer à mon binôme mais avec moins de couleurs, du vert et du blanc et quelques petits points rouges. Un peu plus loin, les habituelles flabellines mauves (Flabellina Affinis) et les hervias pèlerines (Cratena Peregrina) étaient présentes en nombre et faciles à repérer comme souvent. Mais la découverte la plus extraordinaire fut Facelina Rubrovittata, la faceline à lignes rouges. J’ai pris une photo à côté du doigt de mon binôme juste pour vous montrer à quel point elle était minuscule ; mon lentille macro CMC était à peine suffisante car elle mesurait moins de 1 cm.
Pas aussi petites, les blennies font néanmoins toujours office d’excellents sujets. J’ai bien contente de trouver une blennie gattorugine (Parablennius Gattorugine) et une blennie diabolo (Parablennius Incognitus). Leur look est toujours désopilant sur les photos sous-marines.
J’ai aussi adoré ce minuscule bernard-l’ermite caché dans un ver tubulaire vide sur une éponge encroûtante rouge ! J’avais toujours eu envie de reprendre cette photo depuis la première fois que j’ai vu cela en 2016 à Porquerolles. Enfin, une pieuvre s’est donnée en spectacle juste pour nous ; je n’ai pas pu résister à l’envie de reprendre quelques clichés.
Le temps était particulièrement venteux ce printemps à Toulon, nous avons donc eu la chance d’avoir une belle journée et une mer calme car le vent est tombé la veille. La visibilité était plutôt bonne, entre 10 et 15 m. Comme prévu, l’eau était à son point le plus froid, un peu en dessous de 13°C. Cette longue plongée de près d’une heure et demie (il me restait encore 70 bars, mais même en combinaison semi-étanche, mon binôme commençait à avoir froid) est la preuve qu’il n’est pas nécessaire d’aller profond pour apprécier les merveilles du monde marin.
Dive #2 & #3 – Grotte Sainte-Marguerite
Paramètres de plongée :
- profondeur max 17 m, temps de plongée 45 minutes, température de l’eau 13°C
- profondeur max 12 m, temps de plongée 43 minutes, température de l’eau 13°C
Vers la fin du mois de mars, l’unique centre de plongée de Toulon avait rouvert ses portes. J’étais impatiente de voir quels étaient les sites de plongée auxquels je pouvais accéder en marchant seulement 10 minutes depuis l’endroit où je logeais dans le quartier du Mourillon. C’était, pour la plupart des gens, la première plongée de la saison. En conséquence, il a été décidé d’aller sur un site peu profond, mais malgré tout intéressant car il comporte une grotte marine. Je n’en avais jamais entendu parler auparavant, ce fut donc une excellente surprise. Le site est à 20 minutes de bateau du port de Toulon, un peu après l’Anse Méjan.
La navigation sous-marine est simple puisqu’il faut d’abord trouver le rocher en forme de cube puis tourner à gauche pour garder le tombant sur sa droite. L’entrée de la caverne, dont le plafond est à l’air libre, se trouve peu après, mais on la laisse généralement pour le retour. Du point de vue des espèces marines, j’ai trouvé que les gros rochers après l’entrée de la caverne sur la droite étaient les plus intéressants, à en juger par le nombre d’espèces que j’y ai trouvées.
J’avais déjà pris par le passé plusieurs fois des photos de la femelle du triptérygion jaune, qui est rouge avec de petites taches dorées, et j’avais beaucoup de mal à trouver le mâle, qui est lui a la tête noire et le corps jaune. Alors, imaginez comment mon cœur a palpité quand j’ai vu le couple, mâle et femelle, là, tranquillement posés sur un rocher. Je n’ai vu que plus tard sur l’écran de mon ordinateur qu’en plus de cela, un magnifique nudibranche Trinchesia Caerulea ou cuthona bleu se cachait entre eux. Plus tard, à l’entrée de la caverne, j’ai eu la chance d’avoir un triptérygion mâle qui a décidé de poser pour moi.
Puis, alors qu’avec mes deux binômes de la journée, Fred et François, nous nous dirigions vers l’intérieur de la caverne, elle était là, flottant élégamment au milieu de l’eau : une magnifique méduse rhizostome. D’une longueur d’environ 1 m et d’un diamètre d’environ 30 cm, c’est la plus grande méduse que j’ai jamais vue en Méditerranée, et une fois encore, c’était une première. J’ai signalé à mes binômes que j’allais m’en approcher pour une séance photo, et comme le temps passait et que j’étais la seule en combinaison étanche, nous avons dû regagner le bateau sans explorer la caverne. C’est alors qu’une pieuvre est venue nous jeter un coup d’œil avant que nous nous remontions pour notre palier de sécurité.
Coup de chance, moins de 48 heures plus tard, on m’a appelé à la dernière minute pour me demander si je voulais plonger à nouveau sur le même site car une dame cherchait un binôme de plongée. J’ai répondu que j’étais partante ! C’est ainsi que j’ai eu la chance d’explorer l’intérieur de la grotte de ce site de plongée. Les murs escarpés à l’intérieur sont parsemés de coraux jaunes solitaires, de sorte que lorsque vous allumez votre lampe de plongée, cela ressemble à un ciel étoilé.
Il y avait encore plus de nudibranches à y repérer, et une fois de plus j’ai croisé une nouvelle espèce de nudibranche pour la première fois : Facelinopsis Marioni ou faceline de Marion. Parmi mes autres jolies trouvailles, il y avait ce groupe de trois doris tricolores, une thuridille splendide (celle que je cherchais pour mon binôme de Nouvelle-Calédonie lors de ma première plongée, et zut !) et de nombreuses flabellines mauves.
Dive #4 – Les Deux Frères
Paramètres de plongée : profondeur max 31 m, temps de plongée 41 minutes, température de l’eau 13°C
Juste après Pâques, nous étions de nouveau confinés avec une restriction de 10 km. Grâce aux quelques plongées que j’ai pu effectuer, je me suis sentie en bien meilleure posture pour y faire face. Après 4 semaines, nous étions de nouveau libres (mis à part le couvre-feu, toujours en vigueur à ce jour). J’ai alors réservé une plongée le samedi suivant aux « Deux Frères », au large de la Seyne-Sur-Mer, de l’autre côté de la presqu’île de Saint-Mandrier. C’est là que nous avions participé avec Mathieu, mon binôme de Nouméa, aux championnats de France de photo sous-marine en 2019. En plus de mes nombreuses visites précédentes, dire que je connais ce site de plongée est un euphémisme. Il n’y avait pas de meilleur endroit pour planifier certains clichés sous-marins.
Même si plus d’un mois s’était écoulé depuis ma dernière plongée, l’eau était à peine au-dessus de 13°C car le temps n’a vraiment pas été très bon ce printemps avec beaucoup de pluie et de vent. Mais ce matin-là, c’était vraiment le moment d’y aller avec un ciel bleu magnifique et une mer d’huile. Au début de la plongée, la visibilité n’était pas très bonne, peut-être 8 à 10 m, pas plus. Mais au fur et à mesure que nous descendions pour atteindre le mur de gorgones que je voulais montrer à mes deux binômes, François et Blandine, la visibilité s’est améliorée de façon spectaculaire, dépassant les 15 m.
Cette fois, j’avais pris mon dôme grand angle et j’avais demandé à mes binômes s’ils étaient d’accord pour poser pour moi sous l’eau. Ils étaient ravis et nous avons passé un bon moment ensemble. Je leur ai donc donné mon briefing photo habituel (en faisant un geste des doigts pour dire « nagez par ici », en fermant/ouvrant ma main pour dire « allumez votre lampe de plongée », etc.) Le mur de gorgones était un cadre fantastique, mais de magnifiques spirographes de belle taille et peu farouches, nous ont donné des occasions supplémentaires de prendre de jolies photos.
Une fois de plus, avant de commencer notre palier de sécurité, nous avons vu une belle pieuvre qui dormait sous un rocher, et j’ai repéré un joli poisson bleu. Je cherche encore son nom, mais je soupçonne qu’il s’agit d’une espèce juvénile. Je pense qu’il s’agit d’un labre, mais lequel ? Le plaisir de chercher de nouvelles espèces que je repère pour la première fois est sans fin… et ce genre de petits bonheurs peut me faire tenir le coup, quelles que soient les complications de la période que nous traversons.
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