Yonaguni : plongée sur une mystérieuse cité engloutie à Okinawa

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Comment plonger à Yonaguni sans explorer son célèbre monument sous-marin ? Partie observer les requins-marteaux qui migrent en hiver près de l’île de Yonaguni, je n’ai eu le droit qu’à une seule tentative pour voir la mystérieuse cité engloutie de Yonaguni de mes propres yeux. C’est donc à ce moment de l’année, alors que les vents et les courants sont les plus forts, que j’ai pu enfin découvrir un site qui était sur ma liste de plongée à Okinawa depuis des années.

Je ne suis pas docteur en géologie ni en archéologie, juste une plongeuse passionnée par l’histoire et les sciences naturelles. Avec cet article, je voulais faire mon maximum pour clarifier toutes les questions que vous vous posez certainement au sujet du monument sous-marin de Yonaguni. J’y ai réuni mes observations personnelles, les explications que j’ai eues de la part des habitants de Yonaguni et mes lectures d’articles académiques.

Où se situe le monument de Yonaguni ?

Tategami Rock Yonaguni Okinawa Japan

Il est assez intéressant de noter qu’à chaque fois que j’ai mentionné que je partais plonger à Okinawa, la plupart des gens m’ont posé des questions sur le monument Yonaguni, pensant qu’il se trouvait près de l’île principale d’Okinawa. La préfecture et l’archipel d’Okinawa, également appelées les îles Ryukyu, s’étendent sur plus de 1 000 km du sud de l’île de Kyushu jusqu’à Taiwan. L’île de Yonaguni est l’île la plus à l’ouest du Japon, à seulement 111 km de la côte Est de Taiwan et à plus de 2 000 km de Tokyo.

Heureusement, l’île est bien connectée grâce à 3 vols par jour au départ de Naha et d’Ishigaki, ainsi qu’un ferry deux fois par semaine au départ d’Ishigaki. L’île n’est pas grande et vous pouvez faire tout le trajet en voiture en moins de 2 heures, ce que je vous recommande de faire. L’île possède une nature sauvage verdoyante et des côtes escarpées spectaculaires où les adorables chevaux de Yonaguni (plutôt des poneys en fait) pâturent librement.

Le site de plongée du monument de Yonaguni se trouve à environ 100 m au large du cap Arakawa-bana. Il se trouve sur la côte sud de l’île Yonaguni, à mi-chemin entre le rocher Tategami et le village de Higawa. Les bateaux de plongée sous-marine partent du port d’Irizaki, surnommé « Shark Dock », dans le village de Kubura, à l’extrémité ouest de l’île. Il faut environ 20 minutes en bateau pour se rendre au site de plongée.

Qui a découvert le monument de Yonaguni ?

Shotaro SouWes Yonaguni diving Okinawa Japan

Kihachiro Aratake a découvert le monument de Yonaguni en 1986. Dans les années 1980, Yonaguni était déjà une destination de plongée sous-marine prisée des plongeurs japonais pour sa migration annuelle des requins-marteaux. Son centre de plongée, Sou Wes, est basé au village de Sonai, sur la côte nord de Yonaguni. Il est maintenant géré par son fils, Shotaro (sur la photo ci-dessus), qui sait rendre les briefings de plongée passionnants.

C’est en partant à la recherche de nouveaux points d’observation des requins-marteaux que Kiharo Aratake a fait l’incroyable découverte d’un étrange monolithe sous-marin. Il l’a surnommé le Machu Picchu sous-marin, mais le site de plongée est maintenant connu en japonais sous le nom de « Kaitei Iseki » (littéralement, le monument en pierre situé au fond de la mer). La découverte a immédiatement suscité un débat quant à savoir s’il s’agissait d’une formation naturelle ou d’une structure artificielle créée par une civilisation ancienne.

Les théories autour des ruines de Yonaguni

Diving Yonaguni Okinawa Japan

Pyramide façonnée par l’homme ou formation rocheuse sculptée par les éléments ?

Merveille géologique ou preuve de l’existence du continent englouti de Mu, l’Atlantide du Pacifique ?

Le nombre de théories sur le monument Yonaguni est infini sur Internet, avec une mention spéciale pour toutes les vidéos que vous pouvez trouver sur YouTube.

Masaaki Kimura est professeur de géologie marine et de sismologie à l’Université du Ryukus à Naha. Il a mené de nombreuses recherches sur le monument de Yonaguni depuis les années 1990 et a publié plusieurs articles à ce sujet depuis 2001.

Selon lui, le monument de Yonaguni est une structure monolithique constituée de strates de grès et d’argilite. Le monolithe central en forme de pyramide mesure 290 m sur 120 m et 26 m de hauteur. Son apparence et sa taille présentent de nombreuses similitudes avec le château de Shuri à Naha, l’île principale d’Okinawa. Le palais des rois du royaume Ryukyu qui date du XIVe siècle, mesure environ 400 m sur 270 m (reconstruit en 1992 après avoir été détruit pendant la Seconde Guerre mondiale, je l’ai visité lors de mon premier voyage à Okinawa – mise à jour 2019: il a été de nouveau détruit par un incendie alors que je visitais Miyakojima).

L’équipe de Kimura a découvert ce qu’ils considéraient être des outils en pierre qui auraient servi à l’agriculture selon des spécialistes. Il y a aussi des tablettes où ils auraient trouvé des symboles et des figures d’animaux gravés. Les parois quasi verticales partant de 25 m de fond jusqu’à presque la surface de l’eau restent l’élément le plus déconcertant. Le rapport indique qu’une explication naturelle exigerait que la même force ait été appliquée de la même manière tout le long, ce qui est impossible compte tenu de la variation de l’action des courants en fonction de la profondeur.

Les chercheurs ont cherché au fond des roches qui seraient tombées naturellement à cause de l’érosion, mais ils n’ont rien trouvé. Les autres preuves selon l’équipe du Professeur Kimura incluent un système de drainage, une route faisant le tour du monument, un mur de soutènement, une piscine d’eau potable, des trous pour des piliers, un visage sculpté qui ressemblerait à un moaï de l’île de Pâques et un rocher taillé ressemblant à une tortue vue d’en haut.

Avant la fonte de la dernière période glaciaire, il y aurait eu un pont terrestre reliant la Chine continentale, Taiwan et les îles Ryukyu, à une période se situant entre 200 000 et 10 000 ans avant notre ère. La datation au carbone 14 et au béryllium 10 d’échantillons de corail attachés à la structure indiquait un âge moyen de 2 000 à 3 000 ans. Mais sur la base de ses études géologiques, le professeur Kimura a déduit que le monument de Yonaguni devait avoir 10 000 ans. Mais dans une nouvelle étude réalisée en 2003, une enquête sur la datation au béryllium-10, réalisée par le professeur Kimura, conclut que les sites doivent avoir entre 2 000 et 3 000 ans. Là, j’avoue que j’ai été perdue.

En tout cas ce que j’ai bien compris c’est que l’incertitude entourant la datation du monument de Yonaguni est la raison qui a permis à de nombreuses théories extravagantes de se développer. Sur la base de la première hypothèse de 10 000 ans, beaucoup ont fait valoir qu’il était tout simplement impossible pour des peuples primitifs vivant dans des grottes de construire un monument de cette taille.

Pour vous donner un point de référence, si 2560 av. J.-C. est bien sa date d’achèvement, la Grande Pyramide aurait plus de 4500 ans. Elle avait une hauteur totale de 147 m (139 m aujourd’hui) et mesure à sa base 230 m sur 230 m avec une masse de 5,9 millions de tonnes de pierre. Il existe également des théories suspectes à propos des pyramides d’Égypte. Partout on peut lire que la Grande Pyramide aurait été construite en « seulement » 20 ans, vraiment? En tout cas tous les éléments sont réunis pour venir nourrir toutes les théories à propos d’une autre civilisation avancée ou d’extraterrestres que l’on retrouve dans de nombreux ouvrages pseudo archéologiques.

Puis un professeur américain de sciences naturelles de l’Université de Boston s’intéressa à Yonaguni. Il affirma que le monument de Yonaguni était naturel car les rochers des îles avaient la propriété de casser de façon nette, permettant la formation de murs et de marches rectilignes. Contrairement aux travaux du professeur Kimura, je n’ai trouvé aucune trace en ligne d’articles scientifiques à part son site web où il explique néanmoins que le monolithe doit être à 95% naturel et modifié par petites touches par l’homme.

Plongée sur la cité sous-marine de Yonaguni

L’hiver n’est pas vraiment la meilleure saison pour plonger au Monument de Yonaguni en raison des vents qui rendent l’accès au site difficile. La raison pour laquelle je suis allée si tôt dans la saison était pour voir les requins-marteaux qui migrent près de Yonaguni chaque année entre janvier et mars. Pendant les deux premiers jours, à raison de 3 plongées par jour, avec mes binômes de mon club de plongée de Tokyo, nous n’avons aperçu brièvement qu’un requin palier de sécurité de la dernière plongée. Heureusement nous avons eu droit à une pause le 3e jour quand les conditions étaient finalement favorables pour enfin explorer les ruines sous-marines de Yonaguni lors d’une unique plongée.

Voici ci-dessous un dessin représentant la structure principale des ruines de Yonaguni. Il provient d’un des articles du professeur Kimura. Je l’ai annoté avec l’itinéraire (en bleu) que nous avons suivi lors de notre plongée avec l’équipe de Sou Wes et les points d’intérêt (en rouge) que nous avons vus en chemin.

Yonaguni ruins map

Le monument de Yonaguni est étonnamment peu profond. La terrasse supérieure de la pyramide principale est à seulement 5 m sous la surface. Le bas se situe à 25 m. Par conséquent, il n’est pas surprenant que ce soit aussi un site prisé des plongeurs apnéistes. Lors de mon unique plongée au monument Yonaguni, je n’ai pas dépassé 16,1 m de profondeur.

Le courant était si fort près des escaliers et des terrasses qu’aller plus profond était inutile pour ne pas dire dangereux. Préparez-vous à vous accrocher à la roche ou à palmer efficacement si vous voulez prendre une photo grand angle en prenant un peu de distance. Il est important de noter que la plongée à Yonaguni est réservée aux plongeurs expérimentés. Avoir un niveau 2 avec au moins 100 plongées est la recommandation habituelle.

Nous avons accédé au site en passant à travers une porte en forme d’arche. Nous avons jeté un coup d’œil au monolithe scindé en deux avant de continuer vers la terrasse principale et son escalier géant emblématique. Là, des courants énormes nous attendaient. Vous pouvez voir sur la vidéo ci-dessus, la vitesse à laquelle je vais à l’approche de cette partie du monument de Yonaguni. Après être montés au niveau de la terrasse supérieure, nous avons inspecté des canaux creusés dans la roche de façon rectiligne constituant peut-être un système de drainage.

Avant le palier de sécurité, nous avons passé quelques minutes au-dessus de la statue de la tortue. Ce fut une plongée assez courte bien qu’il y avait de nombreuses autres choses à voir. Cependant, en raison des courants, nous avons mis fin à notre plongée après seulement 37 minutes. À cette époque de l’année, l’eau était la plus froide à 23°C. Je portais une combinaison humide 7mm avec une cagoule, ce qui était un choix confortable.

Conclusion : formation naturelle ou réalisée par l’homme ?

Yonaguni rocks

Je suis arrivée avec des idées préconçues assez fortes sur le monument de Yonaguni, principalement basées sur mes observations des colonnes de basalte que j’avais vues dans les îles Canaries. Lorsque j’ai partagé des extraits vidéos de plongée sur ma story Instagram, j’ai effectué un sondage. Le résultat a été que 67% de mes abonnés ont pensé que c’était naturel et 33% que le monument avait été fabriqué par l’homme. Je n’étais donc pas la seule à le penser. J’ai alors décidé de confronter mes observations avec autant de lectures que possible d’articles de recherche que je pouvais trouver en ligne (et là, mes quelques connaissances de japonais ont bien aidé).

En explorant l’île sur terre, j’ai étudié le type de roches le long de la côte. Il s’agit principalement de roches sédimentaires stratifiées qui forment d’impressionnants pitons rocheux tels que les rochers Tategami et Gunkan (tel que montrés sur les images ci-dessus). Cependant, je n’ai rien vu qui avait les dimensions du monument de Yonaguni. Ce qui est encore plus surprenant, c’est que une fois sous l’eau, les rochers à proximité immédiate des ruines de Yonaguni sont arrondis. Parmi les deux images ci-dessus, la première a été prise avant d’arriver au monument de Yonaguni et la seconde lors de notre palier de sécurité après avoir quitté le monument.

Bien qu’il soit assez improbable que le monument de Yonaguni ait été créé de toute pièce par l’homme, je pense néanmoins que le monolithe a été modifié par l’homme, et bien plus que par « petites touches ». Il y aurait uniquement une ou deux lignes droites aléatoires gravées dans la roche, j’aurais gardé mon opinion précédente. Cependant, l’accumulation de preuves sur une si petite surface oblige même les esprits les plus scientifiques à admettre que la nature seule formant tout ceci semble insensé. C’est le consensus à laquelle notre palanquée est arrivée.

Après avoir lu l’article et visionné la vidéo, qu’en pensez-vous ? Dites-le moi en commentaires !

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Cet article a été rédigé en partenariat avec l’Office du Tourisme d’Okinawa. Toutes mes opinions sont personnelles et reflètent honnêtement mon expérience.

Posted by Florine

  1. On pourrait penser à une ancienne carrière ?

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    1. j’avoue, c’est une idée intéressante!

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  2. J’ai 62 ans et lorsque j’étais étudiante j’ai fait un parallèle entre de franches similitudes dans les croyances et leurs représentations égyptiennes et mésoaméricaines ,bien sûr à la fac on m’a fait comprendre que ça n’était pas très sérieux ,en effet plusieurs siècles séparaient ces deux mondes et je n’avais pas de réponses rationnelles à donner.Dans ce que vous dites plusieurs choses m’interpellent l’allusion aux moais de l’ile de Pâques et la datation de 10000ans qui parait impossible si on se base sur ce que nous savons du développement humain;c’est à dire beaucoup moins qu’on ne pense.Lorsque vous faites allusion au super continent de Mu on peut commencer à envisager que l’humanité n’est pas à son premier coup d’essai et que nous sommes en face de ce qui reste de nos ancêtres plus civilisés que nous ne pensions .En effet selon les Mayas nous sommes dans la cinquième humanité!Si je suis tombée sur votre site c’est que précisément je recherchais des infos sur un site sous marin qui aurait été découvert après le dernier tsunami avec sculptures et vestiges d’une cité immergée entre 5 mètres et 35 mètres de profondeur en Asie!

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    1. Les informations de datation varient en effet tellement que c’est la porte ouverte à toutes les théories! Cela reste néanmoins un site extraordinaire malgré toutes ses bizzaries 🙂

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  3. Bonjour et merci pour cet article très intéressant.

    Je vais à Ishigaki début mai, et je rêve d’aller plonger sur ce site. Cependant je crois comprendre qu’un certain niveau peut être demandé par les clubs qui font des excursions sur place ? Etant plutôt apnéiste avec niveau IE2, je ne suis que niveau 1 en bouteille et je doute qu’il y ait des clubs d’apnée qui fassent des excursions sur cette zone ?

    Merci d’avance de votre retour si jamais :).

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    1. J’ai vu des apnéistes se rendre à Yonaguni, mais pour info, des excursions depuis Ishigaki, je ne pense pas, il faut reprendre l’avion ou faire 4 h de ferry, ce n’est pas vraiment à côté. Niveau 1 en plongée bouteille c’est en effet trop juste.

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